dimanche 6 octobre 2019

14 JOURS



** Suite du précédent article **
À l'attention des malotrus, quels qu'ils soient (Dieu, le karma, les agents spéciaux de Tabac Info Service, un être qui me voulait trop de bien, mes prières...) qui ont assis à ma gauche ma première obsession au théâtre hier soir :
Il n'était pas très aimable de votre part de me faire un coup pareil ! (j'ai très envie d'utiliser de très gros mots pour que vous compreniez très bien la teneur de mon ressentiment envers vous)
Malgré le cataclysme que votre vil stratagème a suscité à l'intérieur de ma sensible personne, je vous clame : 14 JOURS. (Et je vous emmerde) 
Bisous
PS : Si vous voulez la guerre, je vous combattrais avec rage et application. Cela me divertira de mes obsessions. 

samedi 5 octobre 2019

13 JOURS




13 jours que j’ai arrêté de fumer. 13 jours à avoir en tâche de fond un retentissant «Putain je fumerais bien une clope.» 13 jours à osciller entre fierté et dissension. Une fierté médiocre : il suffit juste de ne pas faire des trucs comme entrer dans un bureau de tabac, taxer ses potes, retourner son appartement parce qu’il y a forcément un paquet oublié quelque part… Ne pas faire c’est assez facile. On ne s’arrête pas, on ne fait juste plus. Je n’ai pas réfléchi cette décision. Je ne me suis pas préparée. C’est arrivé un dimanche soir, en terrasse avec un ami cher, un moscow mule, des falafels et pas de cigarettes. «Vous vendez des cigarettes ? - Oui au bar – Combien ? - 12 euros.» C’est trop cher. Ma réserve de clopes duty free est à sec et non je n’ai pas envie de payer ce prix pour 20 tiges. Donc je ne fume pas ce soir. Et puis lundi arrive et je ne fais pas. Les jours passent et je ne fais pas. Cela fait 13 jours que je ne fais pas. J’y pense tout le temps mais je reste inactive. Pas de crise de manque de nicotine, pas d’insomnie, pas d’irritabilité. Mais j’y pense tout le temps. Comme à cet homme pour qui je n’ai pas arrêté de fumer. Des mois maintenant que je ne le vois plus et j’y pense tout le temps. Les obsessions se cumulent-elles ou se remplacent-elles ? Je vote pour l’option 2. Le tabac remplace le chagrin dans mon cerveau encombré, un soir de printemps j’allume une clope et je suis guérie. J’adore ce programme.
L’application Tabac Info Service me promet qu’en jour 2 mon sang a été nettoyé du monoxyde de carbone, qu’en jour 3 ma respiration s’est améliorée, qu’en jour 7 sont revenus mon goût et mon odorat et demain mon sommeil sera de meilleure qualité. À suivre une voix plus claire, un teint de porcelaine, et la timbale : dans 1 an moins 13 jours j’aurai le même risque d’AVC qu’un non-fumeur ! Waouh, c’est génial !!! Je n’ai pas arrêté de fumer après mon AVC, malgré les reproches, les intimidations, les regrets, les sommations, j’ai continué. J’ai même plus apprécié ces cigarettes interdites et controversées. Qu’ils aillent se faire foutre ces médecins, ces gens qui m’aiment, ces inconnus qui me veulent du bien. C’était ma rébellion, mon frisson, ma clope qui m’emplissait de poison – c’est écrit sur le paquet en très gros : FUMER TUE. Ce doux poison qui m'apaisait, m'excitait, me consolait, me faisait passer le temps, accompagnait si bien le vin blanc et la mélancolie. Quelque soient les substances addictives qui me l’on fait penser, éprouver. Et un dimanche soir, j'y renonce sans réelle motivation. 
"Ne vous sentez-vous pas fragile pour entreprendre cela ?"
Magnifique question d'une professionnelle du questionnement.
Ma réponse est oui (à laquelle j'ajoute un "connasse" non verbalisé.)

Demain ça fera 14 jours, ou peut-être pas. 


vendredi 26 juillet 2019

PETIT BONHEUR DU QUOTIDIEN N°28


Rentrer après quelques jours de villégiature. Inquiétude de découvrir son appartement après le passage de locataires airbnb. Être rassurée après une rapide visite des pièces. Déballer sa valise et commencer sa lessive en y intégrant un T Shirt masculin oublié. Se raconter un instant qu'un homme vit chez soi. Ouvrir le frigo, manger ce qu'on a laissé et qui ne nous viendrait jamais à l'esprit d'acheter. Hum ce Milka Choco Snack. Reporter au lendemain le ménage post passage d'inconnus dans son intérieur et reprendre un Milka Choco Snack.

jeudi 27 juin 2019

BON ANNIVERSAIRE


Fin juin 2019, on nous annonce une canicule sans précédent. "Ce jeudi 27 sera la journée la plus chaude de la semaine." OK. Je pulvérise, je clos les volets, j'arpente des endroits frais - les allées réfrigérées d'un supermarché me font frissonner et pointer des tétons... pas glop les supermarchés. Pragmatique, je prends cette vague de chaleur comme un échauffement à mon prochain séjour au festival d'Avignon. Hop ! Robe, tongs, sac rempli d'un bottin et son de cigales dans les écouteurs, je marche mollement dans Paris - pour vrai on m'interdit de circuler à scooter à cause de la pollution - pour vrai vrai j'essaie d'oublier que c'est mon anniversaire en cette journée la plus chaude de la semaine. J'aimerais trouver ce "chaude" sexy. Je ne vois que sueur et odeur incommodantes. 
C'est plutôt bien mon anniversaire : plein de gens m'envoient des messages, m'appellent, pensent à moi parce que Facebook leur a dit que je prenais de l'âge. Je reçois des mails d'Yves Rocher, de Camaieu, de Mondial Tissus, de Monoprix... qui me proposent des réductions spéciales pour cette journée spéciale. Tout le monde est si gentil. Et moi j'ai 39 ans et je n'attends qu'un seul message. 
C'est plutôt pourri mon anniversaire : le chiffre a accru comme pour tamponner ce corps qui décroît. Je lis Beauté Fatale de Mona Chollet, j'ai arrêté les soutien-gorge et de me teindre les cheveux, je ne suis aucun régime et devrais m'en foutre de tout ça. Oui je devrais. Je vois surtout que les cheveux blancs colonisent, que j'ai envie qu'on me trouve jolie (et pas de me trouver jolie), que la moindre réflexion sur mon âge, mon poids, mes rides, mon corps, m'anéantit. Réflexion qui souvent vient de moi : je me regarde trop vieillir et cela m'anéantit. 

Le message est venu. Je ne sais pas quoi en faire. Vieille ne signifie pas sage.

dimanche 12 mai 2019

ADIEU MICHEL



La dernière fois que j'ai dit "Adieu Michel", c'était en 2003 quand ma chatte est morte. Oui elle s'appelait Michel.le. L'écriture inclusive n'existait pas et selon mon humeur l'animal était Michel ou Michelle. À l'époque je savais rire d'un rien. 
Adieu Michel donc. Aujourd'hui adressé à l'animal Houellebecq. Au sortir de son dernier roman Sérotonine je le quitte - c'est d'autant plus facile que Michel s'en fout. Entre nous ça faisait 20 ans quand même... Je ne sais pas si c'est moi qui ai changé ou lui ou les deux. Peut-être juste moi. Michel a toujours été assez dépressif et déprimant. Je n'ai rien contre la déprime (cf le titre du blog), surtout quand elle affecte les autres. Chez Houellebecq elle touche au sublime. À moi, personne n'avait dit le profond de l'homme comme lui. Si crûment. J'avais l'impression qu'il ne se foutait pas de ma gueule. Qu'il me révélait des vérités qu'on me cachait. À 18 ans je n'avais pas encore ouvert ma bibliothèque à Duras, Ernaux et Despentes... 
Et en plus l'auteur est drôle. Si, si, je vous assure. Parce qu'il se moque de lui-même et de ses congénères et ça pour une petite féministe comme moi, c'est sympathique. Pour preuve, cette citation qui de prime abord se veut anti-féminisme (et elle l'est), pour se révéler une critique acerbe du genre humain à pénis et du monde du travail. 
« Pour ma part j’ai toujours considéré les féministes comme d’aimables connes, inoffensives dans leur principe, malheureusement rendues dangereuses par leur désarmante absence de lucidité. Ainsi pouvait-on, dans les années 1970, les voir lutter pour la contraception, l’avortement, la liberté sexuelle etc., tout à fait comme si le « système patriarcal » était une invention des méchants mâles, alors que l’objectif historique des hommes était à l’évidence de baiser le maximum de nanas sans avoir à se mettre une famille sur le dos. Les pauvres poussaient même la naïveté jusqu’à s’imaginer que l’amour lesbien, condiment érotique apprécié par la quasi-totalité des hétérosexuels en activité, était une dangereuse remise en cause du pouvoir masculin. Elles manifestaient enfin, et c’était le plus triste, un incompréhensible appétit à l’égard du monde professionnel et de la vie de l’entreprise ; les hommes, qui savaient depuis longtemps à quoi s’en tenir sur la « liberté » et l’« épanouissement » offerts par le travail, ricanaient doucement. Trente ans après les débuts du féminisme « grand public », les résultats sont consternants. Non seulement les femmes sont massivement entrées dans le monde de l’entreprise, mais elles y accomplissent l’essentiel des tâches (tout individu ayant effectivement travaillé sait à quoi s’en tenir sur la question : les employés masculins sont bêtes, paresseux, querelleurs, indisciplinés, incapables en général de se mettre au service d’une tâche collective quelconque). Le marché du désir ayant considérablement étendu son empire, elles doivent parallèlement, et parfois pendant plusieurs dizaines d’années, se consacrer à l’entretien de leur “capital séduction”, dépensant une énergie et des sommes folles pour un résultat dans l’ensemble peu probant (les effets du vieillissement restant grosso modo inéluctables). N’ayant nullement renoncé à la maternité, elles doivent en dernier lieu élever seules le ou les enfants qu’elles ont réussi à arracher aux hommes ayant traversé leur existence – lesdits hommes les ayant entre-temps quittées pour une plus jeune ; encore bien heureuses lorsqu’elles réussissent à obtenir le versement de la pension alimentaire. En résumé, l’immense travail de domestication accompli par les femmes au cours des millénaires précédents afin de réprimer les penchants primitifs de l’homme (violence, baise, ivrognerie, jeu) et d’en faire une créature à peu près susceptible d’une vie sociale s’est trouvé réduit à néant en l’espace d’une génération. »
À l'époque je savais rire d'un rien. 
Alors s'il est si cool dans sa dépression et son humour, pourquoi le quitter ? Ses provocations ? Ses amitiés douteuses ? Sa légion d'honneur ? Non je me fous de tout ça. L'animal gère sa vie médiatique comme il veut tant que sa littérature m'atteint, me bouleverse, me dérange. Et depuis trois livres, elle m'ennuie. Il y a des fulgurances certes, mais trop peu. La première de Sérotonine est arrivée à la page 316. Sur 347... 
Alors voilà. C'est terminé Michel. Je continuerais malgré tout à dire du bien de toi, comme un ancien amoureux dont on ne peut pas médire car ce serait se médire aussi. 

samedi 4 mai 2019

PETIT BONHEUR DU QUOTIDIEN N° 27



Jouer au scrabble nus. S'émerveiller du pouvoir orgasmique d'un mot compte triple.

dimanche 10 février 2019

PETIT BONHEUR DU QUOTIDIEN N°26


Se lever en douce, sans faire de bruit. Préparer la cafetière pour un café qu'on ne boira pas. Sortir la tasse, la cuillère, le sucre. Ecrire un mot et le laisser en évidence sur la table de la cuisine. Quitter son appartement et vivre sa vie artistique du samedi matin. Revenir quelques heures plus tard ornée de beau. Voir la cafetière vide, la tasse qui sèche à côté de l'évier et un autre mot que le sien sur la table. Se coucher et finir sa nuit au milieu de l'après-midi. Dans la chaleur d'un homme qu'on ne reverra jamais.

mercredi 12 décembre 2018

L'AUDONIENNE A LU OU ENTENDU N°3



"Je n'oserais jamais me jeter toute crue dans un livre. Ne plus prendre de distance. Me compromettre ? Non. Cette idée m'effrayait.
[...]
Il me semblait que, du jour où je la nourrirais de ma propre substance, la littérature deviendrait quelque chose d'aussi grave que l'amour et la mort."

Simone de Beauvoir dans La Force de l'Âge.

jeudi 6 décembre 2018

PAR COEUR



Flaque de chagrin sur le parquet. Nuée de psychotropes dans le lit. Carcasse automate dans la ville. S'éloigner du mur que l'on a soi-même construit et derrière lequel s'épanouissent encore des fleurs. L'âme embuée et le corps découragé comme seuls partenaires pour affronter l'hiver.

Entrer dans un théâtre. Apprendre par coeur le sonnet 30 de William Shakespeare.

"Quand je fais comparoir les images passées
Au tribunal muet des songes recueillis,
Je soupire au défaut des défuntes pensées,
Pleurant de nouveaux pleurs les jours trop tôt cueillis.
Des larmes oublieux, mon oeil alors se noie
Pour les amis célés dans la nuit de la mort,
Rouvre le deuil de l'amour morte et s'apitoie
Au réveil sépulcral des intimes remords.
Je souffre au dur retour des tortures souffertes,
Je compte d'un doigt las, de douleur en douleur,
Le total accablant des blessures rouvertes
Et j'acquitte à nouveau ma dette de malheur.
Mais alors si mon âme, Ami, vers toi se lève
Tout mon or se retrouve et tout mon deuil s'achève."

Être quelques minutes pour quelques personnes Cândida, la Velha Senhora et Nadejda. De vieilles femmes qui espèrent et luttent. 
Rentrer chez soi, décorée de l'intérieur et planter les graines pour un nouveau jardin.

mardi 27 mars 2018

L'AUDONNIENNE A LU OU ENTENDU N°2


"Malgré tout, je garderais un excellent souvenir de vous."

lundi 6 novembre 2017

REVENIR D'UN VOYAGE D'AFFAIRES


Un voyage d'affaires dans une réserve sud africaine.
D'affaires, il n'y a que le nom pour le contrôle aux aéroports. De la mallette, j'avais un cahier oxford A4 et un bic 4 couleurs. Du costume trois pièces, des robes légères et des baskets poussiéreuses. De la rolex, un chronomètre orange à simple affichage.
Quelques jours à travailler loin de Paris, sous la chaleur du printemps austral, à parler anglais. Des fois. Un tournage telle une joyeuse colonie de vacances avec des inconnus, comme lorsque j'étais enfant. Il fallait découvrir le lieu, les gens, les codes. Les inconnus ont ceci de formidable qu'ils ne me connaissent pas. Ils ont donc la délicatesse de ne pas me demander des nouvelles de mon amoureux. Le seul sujet qui les intéressent - ils ont tous plus de 30 ans - ce sont les enfants. Combien garçon ou fille quel âge. POINT. Ils s'étendent après sur LEUR vie et cela distrait le chagrin. Le travail a lui aussi de l'obligeance. Il occupe et il harasse. Quand venait la nuit, je dormais. Aucune énergie pour la mélancolie. Se lever, travailler, manger, dormir. Une putain de thérapie.
Et puis il a fallu revenir.
Le chant des oiseaux est remplacé par le moteur des voitures, 30 degrés se sont enfuis de la soute de l'avion, les éléphants sont désormais des bus sans charme, les impalas des dames à talons bruyants sur le macadam des trottoirs gris, le 4X4 n'a plus que deux roues et sillonne le périph' en lieu et place de la savane. Le soleil est terne et ne passe plus par le nord. Les gens ont changé. Ils sont blafards et se cachent sous de multiples épaisseurs. Où sont passées les peaux nues et tannées ? Elles sont restées là-bas et moi je suis rentrée. Mon spleen correctement récupéré sur le carrousel n°8 du terminal 2 de l'aéroport CDG reprend le dessus, comme le froid emplit mes os.

jeudi 5 janvier 2017

POLYTECHNIQUE




Proposition d'écriture : Récit d'assassinats, en de multiples fragments.

Je suis assis dans le bureau d'enregistrement de Polytechnique. Je voulais être ingénieur et ces putes m'ont volé cela. Je suis décidé à les exterminer. Je marche dans les couloirs du deuxième étage et j'entre dans une classe. Elles sont ici neuf à s'être appropriées ma place. Je fais taire le professeur. "Les femmes à gauche, les hommes à droite." Pas de réaction ni des uns et encore moins de ces salopes. Je tire au plafond pour que l'on comprenne ce que je suis. "Les femmes à gauche, les hommes à droite." Je regarde ces neuf putes. Et congédie les hommes. "Vous savez pourquoi vous êtes là ? - Non." Menteuse. "Je combats le féminisme. - Ecoutez, nous sommes juste des femmes étudiant l'ingénierie, pas forcément des féministes prêtes à marcher dans les rues criant que nous sommes contre les hommes. Juste des étudiantes cherchant à mener une vie normale." Menteuses. "Vous êtes des femmes, vous allez devenir ingénieures. Vous n'êtes toutes qu'un tas de féministes. Je hais les féministes."
UN - Je te tue parce que tu es une pute.
DEUX - Je te tue parce que tu es une salope.
TROIS - Je te tue parce que tu es une menteuse.
QUATRE - Je te tue parce que tu es une usurpatrice.
CINQ - Je te tue parce que tu es illégitime.
SIX - Je te tue parce que tu es nuisible.
SEPT- Je te tue parce que tu es néfaste.
HUIT - Je te tue parce que tu es une parasite.
NEUF - Je te tue parce pour que jamais tu ne sois ingénieure.
Une balle de Ruger pour chacune de ces neuf putes. "Merde !" De la merde, voilà ce qu'elles sont, voilà dans quoi nous fourre ce gouvernent pro-féministe. Je sors de la classe pour débusquer d'autres salopes. Il n'y a que des hommes qui tentent de fuir.
DIX - Je te tue parce que tu acceptes la merde.
ONZE - Je te tue parce que tu t'accommodes de la merde.
DOUZE - Je te tue parce que tu cautionnes la merde.
Les complices des imposteures méritent eux aussi de crever. Une pute se cache.
TREIZE - Je te tue parce que je t'ai trouvée.
Je recharge mon Ruger et continue la chasse. Elles m'ont entendu et elles se planquent. Je défonce des portes, déniche leurs acolytes et les abats. Faute de buter une nouvelle pute.
QUATORZE - Je te tue parce que tu admets des salopes dans ta classe.
QUINZE - Je te tue parce que tu essaies de m'échapper.
Je descends à la cafétéria. Elles s'y terrent tous. Elles sont piégées. Je les tire comme des lapins. Elles ont si peur qu'elles font le mort.
SEIZE - Je te tue parce que tu es une simulatrice.
DIX-SEPT - Je te tue parce que tu ne cours pas assez vite.
J'entre dans une remise et repère deux salopes dégueulasses qui chouinent. 
DIX-HUIT - Je te tue parce que tu es faible.
DIX-NEUF - Je te tue parce que tu es fourbe.
J'en entends d'autres sous une table. "Montrez-vous." Ils s'extirpent. je les laisse partir. Il n'y a pas de pute avec eux. Je monte par l'escalator pour nettoyer le troisième étage.
VINGT - Je te tue parce que tu es perverse.
VINGT ET UN - Je te tue parce que tu es corrompu.
VINGT-DEUX - Je te tue parce que tu es obséquieux.
J'entre dans une classe. Ils font comme si de rien, continuent leur simulacre de société exemplaire.
VINGT-TROIS - Je te tue parce que tu es sur cette estrade, sur mon estrade.
VINGT-QUATRE - Je te tue parce que tu as droit à des connaissances, pas moi.
VINGT-CINQ - Je te tue parce que tu es là.
VINGT-SIX - Je te tue parce que moi non.
Je vous tue toutes parce que je vous hais, sales féministes. Je vous tue. C'est moi qui vous tue. "Je t'en supplie, aide-moi." Cette pute n'est pas morte. Je ne l'aide pas. Je sors mon couteau de chasse.
VINGT-SEPT - Je te tue. Encore. Encore. Encore. Parce que tu es une femme.
Je regarde le sang vicié s'écouler lentement de la pute salope féministe. Il s'étend autour d'elle et montre au monde sa vraie nature. Putride. Déliquescente. Perfide. Le monde sait désormais ce qu'elles sont toutes. C'est achevé. Il me reste soixante balles. Inutiles.
VINGT-HUIT - Je me tue d'une balle dans la tête parce que je suis venu aujourd'hui à Polytechnique pour cela, aussi.


Sur la tuerie de l'école Polytechnique de Montréal du 6 décembre 1989 :

vendredi 13 mai 2016

MAINTENANT, JE SAIS

Depuis un certain nombre d'années je me demande POURQUOI ça :


Cette abomination qui donne à la silhouette humaine celle de l'après-skieur perpétuel en alliant inélégance et démarche flasque. L'affaissement de la godasse entraîne quasi instantanément l'affaissement du corps lui-même. Le uggé, enfin la uggée, sombre dans une léthargie de plantigrade urbain. Les cerveaux embrumés par les écrans ont enfin trouvé chaussure à leur pied et la ville se romérise. J'ai presque peur d'être mordue au supermarché.
Qu'a-t-il bien pu se passer dans les esprits de mes congénères lors du choix et surtout de l'achat - putain ça coûte 150 balles !!! - de ces monstruosités ? Et pire encore, devant leur succès invraissemblable, dans ceux des acteurs de la copie et de la contrefaçon pour en produire des accessibles à toutes les bourses ?
Et puis je les ai vues. Ces mères à peine sorties du lit, non coiffées, les yeux collés de sommeil, un gros manteau pour couvrir leur pyjama et chaussées de UGG dans ce flot matinal où entre 8h35 et 8h45 toutes convergent avec leur progéniture vers un point précis : l'école. Toutes ont un pas rapide et tirent leur môme barbouillé de chocolat et les mains collantes de confiture. Avec les mêmes phrases entendues sur les trottoirs : "on se dépêche", "ferme ton manteau", "on est en retard", "tu t'es brossé les dents ?", "vite !", "t'as bien fini tes devoirs ?"... 
Je fais partie de cette migration quotidienne une semaine sur deux. En fonction de mon emploi du temps je suis toute pimpante prête à affronter ma journée de travail ou bien les jours chômés comme elles : en transit avant un retour dans mon lit. 
Alors oui, je comprends désormais POURQUOI. Parce que la UGG c'est ne pas sortir de son lit vraiment. Garder aux pieds la chaleur et le moelleux de sa couche. Rester somnolente du pied pour, une fois son devoir accompli, rêver une petite heure de plus.

jeudi 22 octobre 2015

LE CADAVRE EXQUIS DE DOMINIQUE A

Dominique A serait-il en mal d'inspiration ?
Il nous propose pour sa prochaine chanson un cadavre exquis sur trois semaines. Moi je l'aime mon Dom' alors il me faut l'aider ! Voilà ma proposition pour cette première semaine.

Dans la courbe d'un tunnel, elle s'est engoufrée la bouche parée de rouge, les yeux assombris de khôl en quête de fièvre.
Le claquement des talons pressés sur le pavé cadence les battements d'un coeur audacieux.
Elle fuit la lumière, elle poursuit l'obscurité.
Elle s'échappe au présent et aspire à l'au delà.

Vivement mardi pour la suite.
Bisous Dom' Dom'

mercredi 23 septembre 2015

PETIT BONHEUR DU QUOTIDIEN N°25


Sécher le travail (bah oui on m'a diagnostiquée "epuisée"... N'importe quoi !) et se faire servir le petit déjeuner au lit. Y passer la journée.

mercredi 16 septembre 2015

L'AUDONIENNE A LU OU ENTENDU N°1


" Je sais que ce n'est pas bien de perdre son emploi, mais pour moi ça a été une délivrance " Ex Lejaby novembre 2011 dans Les Pieds sur Terre - France Culture

dimanche 23 août 2015

FAIRE LE TRAVAIL QU'ON AIME


S'être toujours dit : "Moi le travail, c'est ALIMENTAIRE. Cela sert juste à payer le loyer et les vacances. Le plaisir, c'est ailleurs. Parce que si c'est rémunéré, ça ne peut pas être authentique car vicié par l'enjeu matériel." 
Se rendre compte quand le reste n'est pas génial, que la plénitude du métier ça peut aider. Se sortir les doigts du cul (oui oui je suis grossière mais vu ma feignasserie, il fallait) et faire un beau dossier AFDAS. Obtenir sa formation mais se voir obligée d'y renoncer faute de participants financés. En faire un autre avec un objectif à terme très précis : changer de métier. Ne plus être sous exploitée dans un truc mémère et surtout ne plus me mentir. Moi ce que j'aime, c'est le théâtre et l'audiovisuel. Recommencer à 33 ans donc pour filmer du théâtre. Obtenir sa formation. Semer de ci de là des cailloux pour rentrer dans le monde si fermé des scriptes en captation de spectacle vivant. Laisser tomber ce qui n'était pas génial dans sa vie non professionnelle. Attendre un peu. Douter. Continuer à cultiver. Avoir de la chance. Recevoir un coup de téléphone pour aller scripter une pièce au Théâtre du Peuple. Y aller. Voir le fond de scène s'ouvrir sur la forêt vosgienne et l'avoir topé. Assumer de s'être trompée tout ce temps, se dire que le travail ce n'est pas qu'alimentaire. Être heureuse. Vouloir que cela continue pour enfin récolter.

lundi 10 août 2015

PETIT BONHEUR DU QUOTIDIEN N°24


Déserter le restaurant d'entreprise pour déjeuner au pied d'une oeuvre d'art.

jeudi 30 juillet 2015

PETIT BONHEUR DU QUOTIDIEN N°23



Se laisser pousser par Archimède entre midi et deux. Oublier l'odeur du chlore et penser à l'océan.

mercredi 29 juillet 2015

PARIS


Paris, je t'ai choisie (enfin c'est ce que je veux encore croire) et désormais je suis ta prisonnière. Tu es devenue le parent préféré avec qui on est obligé de vivre. Et tout ce que j'aimais en toi commence à pourrir. Tu ne foisonnes pas, tu grouilles. Tu accueilles pléthore de riches touristes, mais exclus tes pauvres. Tu refuses le bruit de la fête, mais acceptes le beuglement du trafic. Tu remplis tes berges de sable un mois par an, mais interdis tes pelouses aux flâneurs. Tu proposes de la culture à toute heure, mais tes restaurants ne servent plus après 23h. Réveille-toi Paris. Ta banlieue est déjà debout alors qu'elle est unijambiste. Tu n'es pas immense, tu es minuscule. 
Et moi condamnée.
Je t'aime autant que je te déteste.