lundi 6 novembre 2017

REVENIR D'UN VOYAGE D'AFFAIRES


Un voyage d'affaires dans une réserve sud africaine.
D'affaires, il n'y a que le nom pour le contrôle aux aéroports. De la mallette, j'avais un cahier oxford A4 et un bic 4 couleurs. Du costume trois pièces, des robes légères et des baskets poussiéreuses. De la rolex, un chronomètre orange à simple affichage.
Quelques jours à travailler loin de Paris, sous la chaleur du printemps austral, à parler anglais. Des fois. Un tournage telle une joyeuse colonie de vacances avec des inconnus, comme lorsque j'étais enfant. Il fallait découvrir le lieu, les gens, les codes. Les inconnus ont ceci de formidable qu'ils ne me connaissent pas. Ils ont donc la délicatesse de ne pas me demander des nouvelles de mon amoureux. Le seul sujet qui les intéressent - ils ont tous plus de 30 ans - ce sont les enfants. Combien garçon ou fille quel âge. POINT. Ils s'étendent après sur LEUR vie et cela distrait le chagrin. Le travail a lui aussi de l'obligeance. Il occupe et il harasse. Quand venait la nuit, je dormais. Aucune énergie pour la mélancolie. Se lever, travailler, manger, dormir. Une putain de thérapie.
Et puis il a fallu revenir.
Le chant des oiseaux est remplacé par le moteur des voitures, 30 degrés se sont enfuis de la soute de l'avion, les éléphants sont désormais des bus sans charme, les impalas des dames à talons bruyants sur le macadam des trottoirs gris, le 4X4 n'a plus que deux roues et sillonne le périph' en lieu et place de la savane. Le soleil est terne et ne passe plus par le nord. Les gens ont changé. Ils sont blafards et se cachent sous de multiples épaisseurs. Où sont passées les peaux nues et tannées ? Elles sont restées là-bas et moi je suis rentrée. Mon spleen correctement récupéré sur le carrousel n°8 du terminal 2 de l'aéroport CDG reprend le dessus, comme le froid emplit mes os.