Fin juin 2019, on nous annonce une canicule sans précédent. "Ce jeudi 27 sera la journée la plus chaude de la semaine." OK. Je pulvérise, je clos les volets, j'arpente des endroits frais - les allées réfrigérées d'un supermarché me font frissonner et pointer des tétons... pas glop les supermarchés. Pragmatique, je prends cette vague de chaleur comme un échauffement à mon prochain séjour au festival d'Avignon. Hop ! Robe, tongs, sac rempli d'un bottin et son de cigales dans les écouteurs, je marche mollement dans Paris - pour vrai on m'interdit de circuler à scooter à cause de la pollution - pour vrai vrai j'essaie d'oublier que c'est mon anniversaire en cette journée la plus chaude de la semaine. J'aimerais trouver ce "chaude" sexy. Je ne vois que sueur et odeur incommodantes.
C'est plutôt bien mon anniversaire : plein de gens m'envoient des messages, m'appellent, pensent à moi parce que Facebook leur a dit que je prenais de l'âge. Je reçois des mails d'Yves Rocher, de Camaieu, de Mondial Tissus, de Monoprix... qui me proposent des réductions spéciales pour cette journée spéciale. Tout le monde est si gentil. Et moi j'ai 39 ans et je n'attends qu'un seul message.
C'est plutôt pourri mon anniversaire : le chiffre a accru comme pour tamponner ce corps qui décroît. Je lis Beauté Fatale de Mona Chollet, j'ai arrêté les soutien-gorge et de me teindre les cheveux, je ne suis aucun régime et devrais m'en foutre de tout ça. Oui je devrais. Je vois surtout que les cheveux blancs colonisent, que j'ai envie qu'on me trouve jolie (et pas de me trouver jolie), que la moindre réflexion sur mon âge, mon poids, mes rides, mon corps, m'anéantit. Réflexion qui souvent vient de moi : je me regarde trop vieillir et cela m'anéantit.
Le message est venu. Je ne sais pas quoi en faire. Vieille ne signifie pas sage.