Où qu'on réside, quelque soit notre habitation, qu'importe notre âge, notre sexe ou notre classe sociale, chacun dans son voisinage a sa guette-au-trou.
La guette-au-trou est une créature femelle d'un âge incertain dont la principale activité est de guetter à sa fenêtre. Elle peut s'accompagner d'un mâle, devenu guette-au-trou par assimiliation. Bien sûr, leur accointance est scellée dans le marbre par un mariage (le mâle quitte le repaire assez vite s'il n'y est pas captif). De jour comme de nuit, campée derrière ses voilages, elle épie. Tout, tout le monde, tout le temps. Quand elle sort de sa tanière pour son ravitaillement, elle rencontre les autres guettes-au-trou du quartier pour échanger les si précieuses informations recueillies durant sa garde. Pas trop longtemps ! Il faut vite retourner à son poste, il ne faudrait pas rater quelque chose de croustillant : un promeneur qui ne ramasse pas le caca du chien, une dame qui renverse son chariot de courses, des jeunes qui fument sous l'abribus... La cerise, c'est le petit couple du 46 qui se dispute, la délectation des larmes et des noms d'oiseau. Le pompon ce sont les travaux du 57 qu'on se fera un plaisir orgasmique de "vérifier" auprès de la mairie par téléphone et anonymement qu'ils ont bien été déclarés. Le Saint Graal est de prendre le risque ultime : sortir seule et déposer un petit mot "charmant" sur le pare brise d'une voiture mal garée ("Veuillez déplacer votre véhicule, la rue n'est pas un parking de supermarché. La prochaine fois, j'appelle la police"), une poubelle non rentrée ("Veuillez rentrer votre container, la rue n'est pas une décharge. La prochaine fois, j'appelle la police"), sur un enfant ("Veuillez élever correctement votre enfant, la rue n'est pas un lieu de débauche où l'on crie et s'amuse. La prochaine fois, j'appelle la police").
Il m'a été particulièrement agréable de retourner un de ces messages ajoutant cette mention : "Que votre vie soit sinistre, solitaire et revêche, soit ! Merci de ne pas en faire profiter les autres, surtout moi, qui aime rentrer tard, parler fort et claquer les portes." Depuis je n'ai plus de papillons malveillants mais un grand sourire depuis la fenêtre d'en face.
Aaaaaaaahhhhhhhhhhh ! Génial!
RépondreSupprimerJ'adore cette expression que jai toujours utilisé pour désigner la concierge (la bignolle). Bon, maintenant, il n'y a plus de concierge, plus que des gardiens/nes à 35 heures qui ne guettent plus rien du tout. Qui sont même souvent aveugles et sourds (ou malades) quand on a besoin d'eux/elles. Mais, à dire vrai, eux aussi sont en voie de disparition. Maintenant si vous avez un problème, "démerden-Sie-sich !".
RépondreSupprimerBon, tout ça pour préciser qu'à la base, la mère guette-au-trou est... la sage-femme. Désignation très poétique, probablement issue d'un lyrique cerveau masculin.
Bonne journée !