dimanche 6 octobre 2019

14 JOURS



** Suite du précédent article **
À l'attention des malotrus, quels qu'ils soient (Dieu, le karma, les agents spéciaux de Tabac Info Service, un être qui me voulait trop de bien, mes prières...) qui ont assis à ma gauche ma première obsession au théâtre hier soir :
Il n'était pas très aimable de votre part de me faire un coup pareil ! (j'ai très envie d'utiliser de très gros mots pour que vous compreniez très bien la teneur de mon ressentiment envers vous)
Malgré le cataclysme que votre vil stratagème a suscité à l'intérieur de ma sensible personne, je vous clame : 14 JOURS. (Et je vous emmerde) 
Bisous
PS : Si vous voulez la guerre, je vous combattrais avec rage et application. Cela me divertira de mes obsessions. 

samedi 5 octobre 2019

13 JOURS




13 jours que j’ai arrêté de fumer. 13 jours à avoir en tâche de fond un retentissant «Putain je fumerais bien une clope.» 13 jours à osciller entre fierté et dissension. Une fierté médiocre : il suffit juste de ne pas faire des trucs comme entrer dans un bureau de tabac, taxer ses potes, retourner son appartement parce qu’il y a forcément un paquet oublié quelque part… Ne pas faire c’est assez facile. On ne s’arrête pas, on ne fait juste plus. Je n’ai pas réfléchi cette décision. Je ne me suis pas préparée. C’est arrivé un dimanche soir, en terrasse avec un ami cher, un moscow mule, des falafels et pas de cigarettes. «Vous vendez des cigarettes ? - Oui au bar – Combien ? - 12 euros.» C’est trop cher. Ma réserve de clopes duty free est à sec et non je n’ai pas envie de payer ce prix pour 20 tiges. Donc je ne fume pas ce soir. Et puis lundi arrive et je ne fais pas. Les jours passent et je ne fais pas. Cela fait 13 jours que je ne fais pas. J’y pense tout le temps mais je reste inactive. Pas de crise de manque de nicotine, pas d’insomnie, pas d’irritabilité. Mais j’y pense tout le temps. Comme à cet homme pour qui je n’ai pas arrêté de fumer. Des mois maintenant que je ne le vois plus et j’y pense tout le temps. Les obsessions se cumulent-elles ou se remplacent-elles ? Je vote pour l’option 2. Le tabac remplace le chagrin dans mon cerveau encombré, un soir de printemps j’allume une clope et je suis guérie. J’adore ce programme.
L’application Tabac Info Service me promet qu’en jour 2 mon sang a été nettoyé du monoxyde de carbone, qu’en jour 3 ma respiration s’est améliorée, qu’en jour 7 sont revenus mon goût et mon odorat et demain mon sommeil sera de meilleure qualité. À suivre une voix plus claire, un teint de porcelaine, et la timbale : dans 1 an moins 13 jours j’aurai le même risque d’AVC qu’un non-fumeur ! Waouh, c’est génial !!! Je n’ai pas arrêté de fumer après mon AVC, malgré les reproches, les intimidations, les regrets, les sommations, j’ai continué. J’ai même plus apprécié ces cigarettes interdites et controversées. Qu’ils aillent se faire foutre ces médecins, ces gens qui m’aiment, ces inconnus qui me veulent du bien. C’était ma rébellion, mon frisson, ma clope qui m’emplissait de poison – c’est écrit sur le paquet en très gros : FUMER TUE. Ce doux poison qui m'apaisait, m'excitait, me consolait, me faisait passer le temps, accompagnait si bien le vin blanc et la mélancolie. Quelque soient les substances addictives qui me l’on fait penser, éprouver. Et un dimanche soir, j'y renonce sans réelle motivation. 
"Ne vous sentez-vous pas fragile pour entreprendre cela ?"
Magnifique question d'une professionnelle du questionnement.
Ma réponse est oui (à laquelle j'ajoute un "connasse" non verbalisé.)

Demain ça fera 14 jours, ou peut-être pas. 


vendredi 26 juillet 2019

PETIT BONHEUR DU QUOTIDIEN N°28


Rentrer après quelques jours de villégiature. Inquiétude de découvrir son appartement après le passage de locataires airbnb. Être rassurée après une rapide visite des pièces. Déballer sa valise et commencer sa lessive en y intégrant un T Shirt masculin oublié. Se raconter un instant qu'un homme vit chez soi. Ouvrir le frigo, manger ce qu'on a laissé et qui ne nous viendrait jamais à l'esprit d'acheter. Hum ce Milka Choco Snack. Reporter au lendemain le ménage post passage d'inconnus dans son intérieur et reprendre un Milka Choco Snack.

jeudi 27 juin 2019

BON ANNIVERSAIRE


Fin juin 2019, on nous annonce une canicule sans précédent. "Ce jeudi 27 sera la journée la plus chaude de la semaine." OK. Je pulvérise, je clos les volets, j'arpente des endroits frais - les allées réfrigérées d'un supermarché me font frissonner et pointer des tétons... pas glop les supermarchés. Pragmatique, je prends cette vague de chaleur comme un échauffement à mon prochain séjour au festival d'Avignon. Hop ! Robe, tongs, sac rempli d'un bottin et son de cigales dans les écouteurs, je marche mollement dans Paris - pour vrai on m'interdit de circuler à scooter à cause de la pollution - pour vrai vrai j'essaie d'oublier que c'est mon anniversaire en cette journée la plus chaude de la semaine. J'aimerais trouver ce "chaude" sexy. Je ne vois que sueur et odeur incommodantes. 
C'est plutôt bien mon anniversaire : plein de gens m'envoient des messages, m'appellent, pensent à moi parce que Facebook leur a dit que je prenais de l'âge. Je reçois des mails d'Yves Rocher, de Camaieu, de Mondial Tissus, de Monoprix... qui me proposent des réductions spéciales pour cette journée spéciale. Tout le monde est si gentil. Et moi j'ai 39 ans et je n'attends qu'un seul message. 
C'est plutôt pourri mon anniversaire : le chiffre a accru comme pour tamponner ce corps qui décroît. Je lis Beauté Fatale de Mona Chollet, j'ai arrêté les soutien-gorge et de me teindre les cheveux, je ne suis aucun régime et devrais m'en foutre de tout ça. Oui je devrais. Je vois surtout que les cheveux blancs colonisent, que j'ai envie qu'on me trouve jolie (et pas de me trouver jolie), que la moindre réflexion sur mon âge, mon poids, mes rides, mon corps, m'anéantit. Réflexion qui souvent vient de moi : je me regarde trop vieillir et cela m'anéantit. 

Le message est venu. Je ne sais pas quoi en faire. Vieille ne signifie pas sage.

dimanche 12 mai 2019

ADIEU MICHEL



La dernière fois que j'ai dit "Adieu Michel", c'était en 2003 quand ma chatte est morte. Oui elle s'appelait Michel.le. L'écriture inclusive n'existait pas et selon mon humeur l'animal était Michel ou Michelle. À l'époque je savais rire d'un rien. 
Adieu Michel donc. Aujourd'hui adressé à l'animal Houellebecq. Au sortir de son dernier roman Sérotonine je le quitte - c'est d'autant plus facile que Michel s'en fout. Entre nous ça faisait 20 ans quand même... Je ne sais pas si c'est moi qui ai changé ou lui ou les deux. Peut-être juste moi. Michel a toujours été assez dépressif et déprimant. Je n'ai rien contre la déprime (cf le titre du blog), surtout quand elle affecte les autres. Chez Houellebecq elle touche au sublime. À moi, personne n'avait dit le profond de l'homme comme lui. Si crûment. J'avais l'impression qu'il ne se foutait pas de ma gueule. Qu'il me révélait des vérités qu'on me cachait. À 18 ans je n'avais pas encore ouvert ma bibliothèque à Duras, Ernaux et Despentes... 
Et en plus l'auteur est drôle. Si, si, je vous assure. Parce qu'il se moque de lui-même et de ses congénères et ça pour une petite féministe comme moi, c'est sympathique. Pour preuve, cette citation qui de prime abord se veut anti-féminisme (et elle l'est), pour se révéler une critique acerbe du genre humain à pénis et du monde du travail. 
« Pour ma part j’ai toujours considéré les féministes comme d’aimables connes, inoffensives dans leur principe, malheureusement rendues dangereuses par leur désarmante absence de lucidité. Ainsi pouvait-on, dans les années 1970, les voir lutter pour la contraception, l’avortement, la liberté sexuelle etc., tout à fait comme si le « système patriarcal » était une invention des méchants mâles, alors que l’objectif historique des hommes était à l’évidence de baiser le maximum de nanas sans avoir à se mettre une famille sur le dos. Les pauvres poussaient même la naïveté jusqu’à s’imaginer que l’amour lesbien, condiment érotique apprécié par la quasi-totalité des hétérosexuels en activité, était une dangereuse remise en cause du pouvoir masculin. Elles manifestaient enfin, et c’était le plus triste, un incompréhensible appétit à l’égard du monde professionnel et de la vie de l’entreprise ; les hommes, qui savaient depuis longtemps à quoi s’en tenir sur la « liberté » et l’« épanouissement » offerts par le travail, ricanaient doucement. Trente ans après les débuts du féminisme « grand public », les résultats sont consternants. Non seulement les femmes sont massivement entrées dans le monde de l’entreprise, mais elles y accomplissent l’essentiel des tâches (tout individu ayant effectivement travaillé sait à quoi s’en tenir sur la question : les employés masculins sont bêtes, paresseux, querelleurs, indisciplinés, incapables en général de se mettre au service d’une tâche collective quelconque). Le marché du désir ayant considérablement étendu son empire, elles doivent parallèlement, et parfois pendant plusieurs dizaines d’années, se consacrer à l’entretien de leur “capital séduction”, dépensant une énergie et des sommes folles pour un résultat dans l’ensemble peu probant (les effets du vieillissement restant grosso modo inéluctables). N’ayant nullement renoncé à la maternité, elles doivent en dernier lieu élever seules le ou les enfants qu’elles ont réussi à arracher aux hommes ayant traversé leur existence – lesdits hommes les ayant entre-temps quittées pour une plus jeune ; encore bien heureuses lorsqu’elles réussissent à obtenir le versement de la pension alimentaire. En résumé, l’immense travail de domestication accompli par les femmes au cours des millénaires précédents afin de réprimer les penchants primitifs de l’homme (violence, baise, ivrognerie, jeu) et d’en faire une créature à peu près susceptible d’une vie sociale s’est trouvé réduit à néant en l’espace d’une génération. »
À l'époque je savais rire d'un rien. 
Alors s'il est si cool dans sa dépression et son humour, pourquoi le quitter ? Ses provocations ? Ses amitiés douteuses ? Sa légion d'honneur ? Non je me fous de tout ça. L'animal gère sa vie médiatique comme il veut tant que sa littérature m'atteint, me bouleverse, me dérange. Et depuis trois livres, elle m'ennuie. Il y a des fulgurances certes, mais trop peu. La première de Sérotonine est arrivée à la page 316. Sur 347... 
Alors voilà. C'est terminé Michel. Je continuerais malgré tout à dire du bien de toi, comme un ancien amoureux dont on ne peut pas médire car ce serait se médire aussi. 

samedi 4 mai 2019

PETIT BONHEUR DU QUOTIDIEN N° 27



Jouer au scrabble nus. S'émerveiller du pouvoir orgasmique d'un mot compte triple.

dimanche 10 février 2019

PETIT BONHEUR DU QUOTIDIEN N°26


Se lever en douce, sans faire de bruit. Préparer la cafetière pour un café qu'on ne boira pas. Sortir la tasse, la cuillère, le sucre. Ecrire un mot et le laisser en évidence sur la table de la cuisine. Quitter son appartement et vivre sa vie artistique du samedi matin. Revenir quelques heures plus tard ornée de beau. Voir la cafetière vide, la tasse qui sèche à côté de l'évier et un autre mot que le sien sur la table. Se coucher et finir sa nuit au milieu de l'après-midi. Dans la chaleur d'un homme qu'on ne reverra jamais.