Voilà, c'est fini
Depuis toute petite, je déteste ça : la fin. La fin de l'année scolaire, la fin de l'école primaire, la fin du collège, la fin du lycée, la fin de la colonie de vacances, la fin de la saison de théâtre, de chorale, de sport - non pour le sport je déconne - la fin de la tournée, la fin de la représentation, la fin de la soirée. Il faut alors se dire au revoir, se promettre de ne pas se perdre. Mais tout en les prononçant, tout en les pensant sincèrement, on sait pertinement que ces mots sont fallacieux. Les animateurs qui mettent en dernière chanson de la dernière boom Voilà, c'est fini de Jean Louis Aubert ont raison : c'est fini. Et quand bien même on se revoit de temps à autre, ce n'est plus pareil. On rit de ce qu'on vivait ensemble et non pas d'aujourd'hui. Nous ne sommes plus à l'école, le spectacle est terminé.
Je ne suis plus écolière mais travailleuse et l'affliction m'étreind lorsque je quitte un emploi ou, bien plus souvent, quand c'est lui qui se sépare de moi. Une chaîne de télévision cesse d'émettre et je me retrouve orpheline de mes collègues, ces gens non choisis, rencontrés grâce au besoin impérieux de payer son loyer. Au fil du temps la nostalgie s'installe. La pire des chefs devient touchante. Les heures dans les métros bondés de la ligne 13, des aventures palpitantes. Une tâche quotidienne ennuyeuse à se pendre, une expérience unique sans laquelle ma carrière - et mes heures - n'auraient pas décollé. Toute cette réalité est revisitée par le prisme de la mémoire et accouche de souvenirs, ces mensonges qui me sont si précieux. Je ne m'abîme pas de regrets. Et pourtant... il m'est toujours douloureux d'achever.
Saurais-je un jour ne pas laisser la mélancolie m'envahir à chaque fin ?
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