Elle ouvre de temps à autre une précieuse boîte remplie de trésors : une cassette audio qu'elle ne peut plus écouter faute de magnétophone, un BoB publicitaire taille enfant, un calendrier de 1994, un caillou, une photo écornée, un livre annoté... En soi, une banale accumulation de souvenirs.
A y regarder de plus près, elle s'attache exagérément à certaines choses. Jusqu'à les nommer. Fernando, Fabienne, le Gitan, Georges ou Super Lapin ne font pas partie de son réseau "d'amis" Facebook mais de ses objets à qui elle parle, vraiment. Qui ont une vie propre et participent à son entourage. Un passage chez le garagiste pour Fernando équivaut à une hospitalisation, une défaillance de Super Lapin s'explique par une épidémie de grippe, l'oubli sur un quai de métro de Gontran déclenche les larmes d'un deuil véritable. L'acquisition de chacun d'eux est particulière, rarement chez le marchand. Fabienne lui vient de son meilleur ami et elle la connait depuis l'adolescence, Kurt se morfondait dans la garde robe de la mère d'une camarade de classe, Stella est le cadeau de fiançailles de l'Homme aux Chaussures Rouges... Mais ce qui les rend si proches et si intimes, c'est qu'ils lui appartiennent de façon absolue affirmant ainsi sa place dans son monde.
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