jeudi 22 octobre 2015

LE CADAVRE EXQUIS DE DOMINIQUE A

Dominique A serait-il en mal d'inspiration ?
Il nous propose pour sa prochaine chanson un cadavre exquis sur trois semaines. Moi je l'aime mon Dom' alors il me faut l'aider ! Voilà ma proposition pour cette première semaine.

Dans la courbe d'un tunnel, elle s'est engoufrée la bouche parée de rouge, les yeux assombris de khôl en quête de fièvre.
Le claquement des talons pressés sur le pavé cadence les battements d'un coeur audacieux.
Elle fuit la lumière, elle poursuit l'obscurité.
Elle s'échappe au présent et aspire à l'au delà.

Vivement mardi pour la suite.
Bisous Dom' Dom'

mercredi 23 septembre 2015

PETIT BONHEUR DU QUOTIDIEN N°25


Sécher le travail (bah oui on m'a diagnostiquée "epuisée"... N'importe quoi !) et se faire servir le petit déjeuner au lit. Y passer la journée.

mercredi 16 septembre 2015

L'AUDONIENNE A LU OU ENTENDU N°1


" Je sais que ce n'est pas bien de perdre son emploi, mais pour moi ça a été une délivrance " Ex Lejaby novembre 2011 dans Les Pieds sur Terre - France Culture

dimanche 23 août 2015

FAIRE LE TRAVAIL QU'ON AIME


S'être toujours dit : "Moi le travail, c'est ALIMENTAIRE. Cela sert juste à payer le loyer et les vacances. Le plaisir, c'est ailleurs. Parce que si c'est rémunéré, ça ne peut pas être authentique car vicié par l'enjeu matériel." 
Se rendre compte quand le reste n'est pas génial, que la plénitude du métier ça peut aider. Se sortir les doigts du cul (oui oui je suis grossière mais vu ma feignasserie, il fallait) et faire un beau dossier AFDAS. Obtenir sa formation mais se voir obligée d'y renoncer faute de participants financés. En faire un autre avec un objectif à terme très précis : changer de métier. Ne plus être sous exploitée dans un truc mémère et surtout ne plus me mentir. Moi ce que j'aime, c'est le théâtre et l'audiovisuel. Recommencer à 33 ans donc pour filmer du théâtre. Obtenir sa formation. Semer de ci de là des cailloux pour rentrer dans le monde si fermé des scriptes en captation de spectacle vivant. Laisser tomber ce qui n'était pas génial dans sa vie non professionnelle. Attendre un peu. Douter. Continuer à cultiver. Avoir de la chance. Recevoir un coup de téléphone pour aller scripter une pièce au Théâtre du Peuple. Y aller. Voir le fond de scène s'ouvrir sur la forêt vosgienne et l'avoir topé. Assumer de s'être trompée tout ce temps, se dire que le travail ce n'est pas qu'alimentaire. Être heureuse. Vouloir que cela continue pour enfin récolter.

lundi 10 août 2015

PETIT BONHEUR DU QUOTIDIEN N°24


Déserter le restaurant d'entreprise pour déjeuner au pied d'une oeuvre d'art.

jeudi 30 juillet 2015

PETIT BONHEUR DU QUOTIDIEN N°23



Se laisser pousser par Archimède entre midi et deux. Oublier l'odeur du chlore et penser à l'océan.

mercredi 29 juillet 2015

PARIS


Paris, je t'ai choisie (enfin c'est ce que je veux encore croire) et désormais je suis ta prisonnière. Tu es devenue le parent préféré avec qui on est obligé de vivre. Et tout ce que j'aimais en toi commence à pourrir. Tu ne foisonnes pas, tu grouilles. Tu accueilles pléthore de riches touristes, mais exclus tes pauvres. Tu refuses le bruit de la fête, mais acceptes le beuglement du trafic. Tu remplis tes berges de sable un mois par an, mais interdis tes pelouses aux flâneurs. Tu proposes de la culture à toute heure, mais tes restaurants ne servent plus après 23h. Réveille-toi Paris. Ta banlieue est déjà debout alors qu'elle est unijambiste. Tu n'es pas immense, tu es minuscule. 
Et moi condamnée.
Je t'aime autant que je te déteste.

jeudi 2 juillet 2015

QUESTION EXISTENCIELLE EN MUSIQUE N°9


Voilà, c'est fini

Depuis toute petite, je déteste ça : la fin. La fin de l'année scolaire, la fin de l'école primaire, la fin du collège, la fin du lycée, la fin de la colonie de vacances, la fin de la saison de théâtre, de chorale, de sport - non pour le sport je déconne - la fin de la tournée, la fin de la représentation, la fin de la soirée. Il faut alors se dire au revoir, se promettre de ne pas se perdre. Mais tout en les prononçant, tout en les pensant sincèrement, on sait pertinement que ces mots sont fallacieux. Les animateurs qui mettent en dernière chanson de la dernière boom Voilà, c'est fini de Jean Louis Aubert ont raison : c'est fini. Et quand bien même on se revoit de temps à autre, ce n'est plus pareil. On rit de ce qu'on vivait ensemble et non pas d'aujourd'hui. Nous ne sommes plus à l'école, le spectacle est terminé. 
Je ne suis plus écolière mais travailleuse et l'affliction m'étreind lorsque je quitte un emploi ou, bien plus souvent, quand c'est lui qui se sépare de moi. Une chaîne de télévision cesse d'émettre et je me retrouve orpheline de mes collègues, ces gens non choisis, rencontrés grâce au besoin impérieux de payer son loyer. Au fil du temps la nostalgie s'installe. La pire des chefs devient touchante. Les heures dans les métros bondés de la ligne 13, des aventures palpitantes. Une tâche quotidienne ennuyeuse à se pendre, une expérience unique sans laquelle ma carrière - et mes heures - n'auraient pas décollé. Toute cette réalité est revisitée par le prisme de la mémoire et accouche de souvenirs, ces mensonges qui me sont si précieux. Je ne m'abîme pas de regrets. Et pourtant... il m'est toujours douloureux d'achever.

Saurais-je un jour ne pas laisser la mélancolie m'envahir à chaque fin ?

lundi 29 juin 2015

dimanche 21 juin 2015

CINQUE TERRE


Rentrer tard d'Italie et se laisser glisser sous une douche. Goûter l'eau salée de la Méditerranée qui s'écoule de ses cheveux. Revivre en quelques minutes le soleil, la chaleur, les pâtes au pesto, les sentiers, les couleurs, la fraîcheur de la mer, les matinées lézardées, les volets entrouverts, la peau de l'autre, les cris des femmes, le balcon qui surplombe le village, les citronniers, les baisers donnés, les terrasses escarpées, le vin, le train en retard, l'amour...
Rester un peu trop longtemps sous l'eau pour faire durer la réminiscence.

vendredi 22 mai 2015

LA BOULE


Ne pas réussir à exterminer cette boule qui s'insère insidieusement dans sa poitrine. Parce que tout va bien. La sentir grandir sans crier gare. Parce que tout va bien. L'autoriser à saper une journée. Parce que tout va bien. Puis deux. Parce que tout va bien. Se laisser aller à la lassitude. Ecouter de la musique déprimante au travail. Ne trouver du goût à rien. Parce que tout ne va pas bien. Quoi ? Ne pas savoir. Pleurer pour dissoudre la boule. Parce que tout va bien.  Et repartir comme si de rien n'était.

mardi 19 mai 2015

BREAKING BAD


J'avoue, je n'ai pas vu la fin de Breaking Bad. Si j'avais suivi les deux premières saisons sur Arte il y a bien longtemps, j'ai laissé filer. Pourquoi ? La vie, tiens ! Et la légende s'est construite autour d'Heisenberg sans que j'y jette ne serait-ce qu'un coup d'oeil. Alors que la série s'est achevée il y a presque 2 ans, je suis parvenue - je me demande encore comment - à ne rien savoir du dénouement. Sauf qu'il "défonce", que "c'est une tuerie" (ah ouais une tuerie ? Tu ne me spoiles pas un peu là ?), que c'est une des meilleures fins de série (parce que Dexter au secours, ne parlons pas de How I Met Your Mother - oui je sais ce n'est pas une série ! - et que s'est-il passé dans Lost ?). Bref, il me fallait pour ma vie sociale remédier à ce problème. Alors depuis quelques semaines, j'enchaîne. J'ai repris la série depuis le début et passé le déja-vu, je suis retombée dedans. Dans quoi ? Dans une putain de série noire, sur la maladie, l'argent, la drogue, mais surtout la famille. 
Il ne me reste que l'ultime épisode à regarder. Et c'est terrible. J'ai vraiment TRÈS envie de le voir et aussi TRÈS envie de faire durer les choses. Je suis à 55 minutes de quitter Mister White et Jesse Pinkman. Je veux que ce salaud d'Heisenberg crève, je veux que Jesse trouve enfin la paix, je veux que Saul coupe sa mèche, je veux que Skyler essaie la drogue pour se détendre un peu, je veux que Walter Flynn Junior tabasse à mort Todd et ses potes avec ses béquilles, je veux que Mary sorte le balai de son cul, je veux, je veux, je veux... que ça ne s'arrête pas.
Jusqu'où Docteur Heisenberg / Mister White ira-t-il dans son désir de vivre ? Il a déjà perdu son âme, cela vaut-il alors le coup ?
Il va me falloir trouver 55 minutes pour avoir la réponse et quelque temps pour m'en remettre.

jeudi 30 avril 2015

LES IMPÔTS



Devoir, parce que la vie n'est pas qu'une partie de plaisir, appeler le service des impôts. Retarder ce moment. Et puis stopper net sa procrastination. Composer le 08 10 46 76 87 et s'entendre dire par une voix de femme enregistrée - la même que Pole Emploi, du service clients de Véolia, du service réservation d'UGC, d'Air France... - que nous sommes en position 10. Position de quoi ? Ne pas chercher à savoir et puis se dire que le cynisme n'est pas de mise et attendre calmement son tour "entre 1 et 100 minutes". Passer en un cycle de répondeur de la position 10 à la position 2  et apprendre non sans jubilation que l'attente est ré-estimée "entre 1 et 2 minutes". Entendre une sonnerie, deux, trois et à la quatrième quelqu'un répond et demande en quoi il peut aider.

ÉTAPE 1 OK

Débuter sa longue explication en suivant son petit bout de papier soigneusement préparé pour ne rien oublier. Et là, entendre " Vous vous séparez ? Mais c'est pas bien ça ! Il n'y a pas moyen de se réconcilier quand même ?"

ÉTAPE 2 COMPROMISE

Perdre le fil de son petit papier et bafouiller : 
"Heu non pas vraiment... Je vous appelle pour...
- Et vous revoir pour manger un kébab ? Il n'y a vraiment plus d'espoir, c'est fini, fini ?"
Arrêter toute forme de pensée consciente quelques instants sur la possibilité de manger un kébab avec l'homme aux chaussures rouges et éclater d'un rire aussi pathétique qu'intérieur. Revenir au moment présent et faire un choix : ne pas dire ce que l'on pense de ces conneries, prendre sur soi parce que notre mission est simple : remplir cette saloperie de déclaration. L'éducation des connards ce sera pour demain... Reprendre donc :
"Oui oui c'est fini fini. Justement, comme je n'ai jamais rempli de déclaration seule, j'aimerais savoir comment ça se passe.
- Ha ben ça c'est bien les femmes ! Laisser ce genre de choses à l'homme et quand on doit s'en occuper y a plus personne !

ÉTAPE 2 SÉRIEUSEMENT COMPROMISE

Répliquer par un cinglant :
- Bon écoute espèce de sombre merde, quand on doit faire la lessive, la vaisselle, le ménage, aller chercher les mômes à l'école, leur acheter des vêtements, des chaussures, des fournitures scolaires, des cadeaux d'anniversaire, de Noël, la même pour les camarades d'école, faire le gâteau pour la kermesse, payer la cantine, le centre aéré, les cours de musique, la crèche, les cours de natation, le stage de voile, assister aux concerts de chorale, aux spectacles de fin d'année à l'école en faisant semblant d'aimer ça, s'assurer des paiements du gaz, de l'électricité, des charges de copro, de l'entretien de la chaudière, des multiples abonnements TV, internet, téléphone, booker la baby sitter, les vacances, faire des kilomètres en bus, trottinette, métro, voiture scooter et autres putain de milliards de choses en plus de bosser, je ne sais pas comment te dire résidu de balai à chiottes, que ça c'est bien les hommes mais il n'y a jamais personne. Alors tu fermes ton dégueuli à préjugés misogynes et tu réponds sans commentaire à mes questions comme c'est je crois ton travail."
Mais en fait non. Parce que malgré notre volonté à s'affirmer on reste coi devant autant de stupidité. Opposer la fin aux moyens et répondre: 
" Oui on peut dire ça... - s'en vouloir à mort de cette réponse.
- Alors on va faire en sorte de faire quelque chose pour vous."

ÉTAPE 2 EN COURS DE RÉTABLISSEMENT

Laisser le paon à l'autre bout du fil nous "sauver la vie" et recueillir les informations précieuses : son numéro fiscal, les éléments de la déclaration pré-remplie... Quand soudain :
" Ah parce qu'en plus vous avez 2 enfants ? Et vous les laissez comme ça ? Quel âge ?
- 4 et 10 ans.
- Ca c'est pas bien, pas bien du tout !"
Hurler en silence mais de tout son être : " DE QUEL DROIT TU ME JUGES ??? JE TE HAIS, LE MEC DES IMPÔTS ! JE TE HAIS TOI ET TOUS CEUX QUI SAVENT MIEUX QUE MOI COMMENT VIVRE MA VIE, ALORS TA GUEULE ! VAS-TU ENFIN FERMER TA GUEULE ?"
- Justement, au niveau des réductions d'impôts pour les frais de garde, je mets le montant dans quelle case ? Parce que je ne voudrais pas me tromper."
Continuer coûte que coûte au lieu de l'insulter. Surtout si proche du but.

ÉTAPE 2 PRESQUE ACHEVÉE 

Rester calme. Noter la fin des informations nécessaires. S'assurer que tout ce qui a été noté sur le bout de papier est rayé. Lancer l'impression des formulaires. Souffler.

ÉTAPE 2 OK

Dire merci - mais quelle conne !!!! Et pour terminer en beauté l'appel, ne rien dire d'autre qu'au revoir quand le connard a l'outrecuidance après ses propos de nous draguer sans vergogne. Se sentir limite minable après avoir raccroché. Ranger ses papiers et reprendre le cours de sa vie comme on l'entend.



lundi 13 avril 2015

MON EPARGNE SALARIALE



Recevoir un courrier de Natixis Interépargne informant que le montant net de sa participation 2014 s'élève à 428.34 euros. Penser "chouette, ça va payer mes vacances en Avignon". Vaguement se rappeler que dans sa grande opération "tri de sa paperasse, no more procrastination" on a vu un papier similaire. Le retrouver. Se dire que l'opération est un franc succès. Lire les papiers. Télécharger l'application mobile Mon Épargne Salariale comme conseillé sur le dernier courrier.  Se rendre compte que l'épargne 2013 a été investie par défaut dans "Avenir Monétaire" - le fond pépère : sans risque et aux gains ridicules - suite à l'oubli de répondre. Apprendre que nos 107.98 euros de la participation 2013 s'élèvent aujourd'hui à 108.01 euros. Considérer ironiquement que 3 centimes l'année est un putain de rendement. Etudier les différents fonds. Se sentir ouf' déglingo et transférer ses 108.01 euros du fond pépère au fond "Avenir Équilibre", le moyen risqué : on gagne moyen ou on perd moyen. Après quelques secondes d'excitation, revenir à ses moutons et chercher sa participation 2014 dans le menu de l'application. Avoir envie de placer la moitié dans le fond "Avenir Dynamique", le méga risqué. Ou pourquoi pas dans "Impact ISR Rendement Solidaire" histoire d'avoir bonne conscience. Se dire qu'ils sont forts chez Natixis : employer le mot solidaire alors que ce sont des acteurs de la spéculation financière qui ruinent le monde. S'appesantir quelques instants et appeler le 02 31 07 74 00, saisir son numéro d'entreprise et son code serveur, voyager dans les méandres d'une boîte vocale à choix multiples pour essayer de parler à un téléconseiller et ainsi savoir pourquoi la participation 2014 n'apparaît pas dans l'application mobile. Ne pas réussir car "tous nos téléconseillers sont actuellement en ligne, merci de renouveler votre appel". Raccrocher. Réfléchir encore à épargner ou non ses 428.34 euros. Perdre son précieux temps à hésiter entre équilibre, dynamique ou solidaire. Pas avec monétaire puisqu'on se sent aventureuse. Réaliser que de toute façon la manipulation est impossible. Remettre à plus tard. Etre persuadée que ses 428.34 euros seront versés sur le fond pépère pourri parce qu'on aura préféré vaquer plutôt que de s'occuper de ça. Pousser le vice à calculer qu'on gagnera autour de 12 centimes en un an. Soupirer et continuer à vivre.

vendredi 10 avril 2015

L'HOMME DU BOULEVARD



Tous les matins, il y a un homme qui croise mon chemin. Je presse ou non mon pas selon sa position sur le boulevard. Au croisement Michelet-Voltaire, je peux tranquillement continuer ma route jusqu'à la Porte de Clignancourt. Vers le café des amis, je suis bien, à l'heure, pile. A la poste, je sais que je suis déjà en retard. Mais s'il est la mesure de mon temps - humaine plutôt qu'à quartz - il est surtout empli d'un mystère. Cet homme a des traces de fard et de rouge. Et tous les matins, le temps d'arriver au métro, j'imagine sa vie. Et parfois même plus.

Hypothèse numéro 1 : Il est albinos. Il se maquille, se teint les cheveux et porte des lentilles pour paraître "normal". Le lendemain je regarde ses mains et n'y vois pas de traces de maquillage. L'hypothèse numéro 1 est donc incorrecte. A moins que son albinisme ne touche que son visage ? Ah... Le surlendemain, je me retourne, le suis quelques mètres pour observer sa chevelure et constate qu'il est méché, la base est bien châtain. Y a-t-il des formes du syndrome ne touchant que la peau ? Serais-je en présence d'un cas hyper rare ? J'ai tendance à croire ma vie intéressante, mais là il ne faudrait pas la présumer extraordinaire.

Hypothèse numéro 2 : Il n'est pas maquillé mais mal démaquillé. La nuit il se maquille parce qu'il est transformiste. Il a un numéro spécial chanteuses décédées avec  Edith Piaf le mardi, Marilyn Monroe le mercredi - comme il ne parle pas bien anglais celle-ci est difficile pour lui, mais il s'accroche par respect pour l'icône disparue - Barbara le jeudi, Dalida le vendredi et le samedi - sa meilleure prestation - relâche le dimanche et le lundi. L'hypothèse numéro 2 est bien trop convenue. Je ne la retiens pas.

Hypothèse numéro 3 : C'est un vampire repenti qui se maquille pour vivre au milieu des humains. Las de son destin, il souhaite se confronter à la condition humaine : se lever pour aller travailler, gagner un salaire minable pour payer le loyer d'un appartement trop petit, ne sortir que pour faire ses courses et se nourrir de viande rouge dégueulasse. Cela fait des années qu'il n'a pas pris un vrai repas. Son défaut : la philantropie. Quelle ambition médiocre pour un vampire.

Hypothèse numéro 4 : Il se maquille parce qu'il aime ça. Point. Tous les jours il passe près d'une heure à se farder, se faire resplendissant. Il se regarde et s'aime avec sa cosmétique. Il se sent bien, accompli. Vient le moment de partir pour les ateliers de Saint Ouen. Il travaille à la SNCF. Il met sa parka siglée à la société ferroviaire. Et puis comme chaque matin, au moment de quitter son appartement, il revient à son miroir pour ôter son maquillage. Il devient alors ce quelqu'un d'autre qu'il n'est pas. Celui qui convient au regard des autres, mais pas au sien. Il ne croisera pas de miroir de la journée pour ne pas avoir à se détester, lui et sa lâcheté de ne pas s'affirmer tel qu'il est aux yeux du monde. Au moins à ceux de ses collègues, de ses amis, de ses parents, de sa femme, de ses enfants. J'aime bien cette hypothèse, bien qu'elle soit triste. Et pourtant j'aime à croire que les traces qui demeurent sur son visage sont les preuves de sa volonté de ne plus se cacher. Et qu'un matin d'été je verrais l'homme du boulevard Michelet tel qu'il est vraiment. Magistral et fier.

lundi 6 avril 2015

PETITS BONHEURS DU QUOTIDIEN N°21


Revoir son film d'enfance préféré au cinéma avec ses enfants.

mercredi 18 février 2015

DES PAPOUS DANS MA TÊTE


Elle s'apprêtait à reprendre sa lecture du dernier Houellebecq quand elle fut prise de kalaglome. Déjà victime de cette pathologie deux ans auparavant, elle ne voulait en aucun cas revivre ses heures sombres au fond d'un lit inhospitalier à se demander comment s'en sortir. Bien qu'elle savait pertinemment que le temps cicatrise à peu près tout, elle ne voulait pas entamer un nouveau cycle. 
Elle s'appliqua à rester fixouste et entreprit une révaliose. Le cristal apparaissait les yeux ouverts comme fermés et scintillait comme un prisme baigné d'une lumière hivernale. Elle se surprit à trouver  son mal, beau. Son kalaglome était léger et elle était capable de téléphoner. Elle préféra un sms vu qu'elle glafrisait -"Je peux t'appeler ?" - Il ne répondit pas et l'appela immédiatement. Il fut convenu qu'elle approjiguerait après leur conversation. Quelques minutes plus tard, trois pompiers débarquèrent avec leur matériel pour sauver des vies. Elle se demandait souvent comment ils réussissaient cette mission si lourdement chargés. 
Entre une question et un examen, elle répétait qu'elle était désolée de les avoir dérangés. Elle avait envie de les renvoyer, d'aller se coucher et d'oublier. Mais elle avait provoqué un processus qui la mènerait inexorablement à l'hôpital. Le pompier boustifière annonça alors leur départ imminent - "Tout ira bien, on vous emmène à Bichat" - Elle ria de la fulgoule et se laissa porter pour descendre les trois étages. Elle croisa un automobiliste et sa passagère au moment de traverser le rue jusqu'au camion rouge. Ils ne purent contenir une jouquette à laquelle elle répondit par une loucastie à propos.
Son escorte pour les quatre minutes de trajet avait cet avantage : elle n'attendit pas dans la salle d'attente des urgences, lieu qui sentait le vomi, l'urine et la mort; et fut prise en charge dès son arrivée par la porte des VIP, Very Important Patients.
Candice, la neurologue de garde, était plus jeune qu'elle et elle ressentit un semblant d'houboie.  Elle dut rendre compte de sa révaliose qui s'avéra fort peu satisfaisante. A chaque phrase prononcée, elle demandait sans paraître trop folle si ce qu'elle avait dit était bien ce qu'elle avait dit. Le kataglome avait disparu mais elle restait vigilante. Le passage à l'IRM : vingt minutes congelée à subir des sons tonitruants enfermée dans un caisson spécialement conçu pour bouleverser n'importe quel claustrophobe, se révéla positif. "Tout est normal, vous avez un très beau cerveau". Merci Candice. La neurologue était une jeune fille appliquée et elle semblait apprécier les crafadises, elle fit elle-même un doppler du cou, des yeux et des tempes. Là encore, rien. 
Comme à l'accoutumée, on ne trouvait pas d'explication. Il y avait bien une petite lésion à son cerveau mais... Candice fut appelée en urgence thrombolyse et la laissa dans un box aux urgences avec Gayle, infirmière vigarante qui lui parlait musique tout en prélevant un peu de son sang. 
Dès qu'elle fut seule, elle l'appela. Elle était terrifiée mais s'interdisait à ce que lui, le soit. Elle répéta alors qu'elle était désolée. Désolée du dérangement, de sa peur d'elle-même et surtout d'être une fille défaillante. Elle lui annonça pour alléger son propos qu'elle avait un "cerveau très beau". Sa réponse juste et munificente, agit comme un onguent sur ses angoisses. Il lui serait désormais impossible d'ignorer qu'il était un trésor - précieux et prodigieux. Elle vivait une hysmarose allongée sur un brancard éculé, perfusée et vêtue d'une blouse en papier noir. Elle sentit les larmes arriver et prétexta une broutille pour raccrocher.
Elle voulut s'endormir pour échapper à l'hostile réalité. Une toute petite adolescente, ou ce qui semblait l'être, vint la chercher pour qu'elle libère les lieux. On lui remit son dossier, les photographies de ses si jolies méninges et son ordonnance. Le subumax d'épilepsie était noté en petit sur la page 2 du compte rendu.

GLOSSAIRE :

- Approjiguer : appeler les secours pour soi-même en espérant que ce n'est pas nécessaire et en niant que l'on va passer la nuit à l'hôpital
- Boustifière : personne que l'on vouvoie et qui tutoie
- Crafadise : examen médical non douloureux et extrêmement angoissant
- Fixouste : état mêlant calme et panique
- Fulgoule : blague dont on est la victime
- Glafrire : avoir peur de sa propre voix
- Houboie : sentiment irraisonné qu'une personne plus jeune ou avec accent n'est pas compétent
- Hysmarose : être empli de certitude alors que cela tient sur un sentiment et non sur du factuel, s'accompagne d'un sentiment de béatitude
- Jouquette : regard qui signifie "je préfère que ce soit vous plutôt que moi"
- Kakaglome : trouble de la vue ressemblant à une vision kaléidoscopique du monde
- Loucastie : signe de la main accompagné d'un sourire qui voudraient signifier que tout va bien mais ni l'émetteur ni le récepteur ne sont dupes qu'en fait non.
- Révaliose : étude approfondie de son propre corps visant à un diagnostic médical alarmant
- Subumax : diagnostic probable mais rien n'est sûr, il faut consulter alors qu'on sort d'une consultation - s'accompagne d'un doute profond à prendre la médication prescrite
- Vigarer : aimer son travail mais s'y ennuyer

mercredi 11 février 2015

AU MUSEE


Allons à la Cité des Enfants, porte de la Villette. Payons 7 euros pour la petite et entrons dans cet univers peuplé de gens tous blancs et proprets : des petits couples bobo avec leur premier enfant. Les papas ont sorti leur 5D, les mamans leur Iphone et ça mitraille. Ça s´émeut derrière l´objectif que le gamin remplisse un seau d´eau... Il y a aussi des gens normaux, qui comme moi font preuve de bonne volonté, les yeux bouffis par l´alcool bu la veille et du réveil bien trop matinal pour un dimanche matin. Depuis que l´enfant a paru, on se réveille bien trop tôt le week end - les autres jours aussi d'ailleurs.
L'expo est très bien. Les enfants ravis. Et y faire bonne figure pour se donner bonne conscience n'est pas trop désagréable - les enfants des CSP+ sont sages en règle générale. À la sortie de l'école, placer un "j'ai fait la Cité des Enfants avec ma petite dimanche MATIN - bien insister sur le matin - c'était FA-BU-LEUX ! Les enfants sont face aux éléments qu'ils pensent maîtriser, ils appréhendent le monde à leur hauteur. Vraiment, c'est pas mal foutu !" L'utilisation du mot foutu clôt sur une touche provocatrice. Marquons que l'on sait rester jeune malgré nos deux enfants. Gagnons alors des points BMB - Bonne Maman Bobo - nous pouvons continuer à vivre en Seine Saint Denis mais sans y scolariser ses enfants, voter vert mais sans renoncer à sa voiture dans Paris - "c'est tellement pratique !", et bien sûr nommer nos enfants avec des prénoms désuets.

mercredi 4 février 2015

QUESTION EXISTENCIELLE EN MUSIQUE N°8


L'envie

L'envie d'avoir envie. Après presque 3 ans, elle renaît au détour d'une autre vie. Il suffisait de demander.